Les intervenants des ateliers


Patrimoine et biodiversité

Restaurer notre patrimoine n’est pas une mince affaire surtout quand la biodiversité entre en jeu. Les espèces protégées ou le nombre de réglementations sont parfois des freins aux projets patrimoniaux.

Antoine Waechter venu, en tant que coordinateur environnemental, présente la rénovation de l’église de Mertzen, Fulleren, Saint Ulrich, et Strueth en Alsace dont le clocher date du XIIe siècle.

Cette église avait besoin d’une rénovation de sa toiture et de son extérieur. Cependant, les discussions sur les modalités d’exécution des travaux étaient bloquées par le représentant de la Direction de l’environnement. En cause : la présence d’une colonie de martinets noirs, d’un couple de chouettes effraies et de chauves-souris, toutes espèces protégées.

La situation s’est apaisée lorsque José Winninger, le maire de Mertzen, a demandé à Antoine Waechter d’être le référent environnement prévu par l’arrêté préfectoral. Le défi a alors été de terminer les principaux travaux avant le retour d’Afrique des martinets.

De nombreux efforts ont été déployés pour respecter la biodiversité. Le calendrier était prévu pour respecter les périodes de nidification. Les travaux ont également nécessité des techniques adaptées (échafaudage mobile, installation de nichoirs provisoires dans le presbytère...). 66 nichoirs à Martinet ont été placés, bien plus que ce qu’exigeait l’administration. Finalement, le nombre de nichées sera supérieur à ce qu’il était avant les travaux, tandis que la chouette effraie est toujours présente.

Le surcoût de cette exigence environnementale est alors de 50 000 euros. Le coût total de l’opération s’élève à 911 348,45 euros TTC (759 457,04 euros hors taxe). L’opération a bénéficié de subventions de l’État, de la Région Grand Est, et de La Sauvegarde de l’Art fran­çais. Le chantier a bénéficié de 544 101 euros de subventions et de dons. L’association Saint-Maurice a réussi à être le plus gros contributeur, hors État. La Fondation du Patrimoine au titre du patrimoine naturel et de la biodiversité s’est mobilisée et a réuni 52 000 euros.

 

Tous ces efforts ont dépassé les attentes puisque cette réalisation n’a pas fait que protéger les espèces, mais a aussi permis leur accroissement avec un doublement de la natalité des martinets noirs. Cet exemple permet de montrer que la biodiversité n’est pas un frein pour les projets patrimoniaux mais au contraire peut leur donner une nouvelle dimension. 

Patrimoine et vie locale

Sur la commune de Régusse dans le Haut Var, deux moulins à vent, datant du XVe-XVIe siècle, ont été restaurés en 1995. Depuis, ils sont animés par l’association Les Amis des Moulins de Régusse. Alain Sanchez, Président de cette association, a démontré lors d’un atelier comment le fait de redynamiser un patrimoine permet de faire vivre tout un village.

Les moulins sont situés sur un domaine privé. Un bail emphytéotique de 99 ans a été signé en 1990. La mairie a fait appel à un chantier de jeunes (l’APARE) pour des travaux préparatoires comme le nettoyage des ruines ou le débroussaillage. La restauration commence en 1995 sur des plans datant de 1640 et en utilisant le moulin de Font Vieille en référence. En mai 1996, les moulins sont inaugurés. La restauration a couté 1 177 868 frs (environ 180 000 euros). De nos jours, une telle restauration couterait environ le double. La commune a reçu des subventions du conseil général, du ministère de la Culture, des bâtiments de France et du Plan de Développement Rural pour un total de 710 000 frs.

Conscient que pour les conseils municipaux actuels, il est difficile d’investir dans la restauration de ce genre de patrimoine, Alain Sanchez a développé les retombés sur la commune. En 1996, la municipalité délègue le fonctionnement à l’office de tourisme, puis en 2009 c’est l’association bibliothèque et moulins qui s’en charge avant de devenir, en 2011, Les Amis des Moulins de Régusse. Ils ont mis en place des entrées gratuites pour les visites individuelles, à 30 euros pour des groupes de 20 personnes. Ces moulins peuvent être visités tout au long de l’année, ce qui a permis d’attirer 4 500 visiteurs en 2024. C’est une retombée économique importante sur le village puisque ces visiteurs consomment dans la commune. Par exemple, deux groupes de visiteurs sur trois ont privatisé un restaurant dans la commune. Par les pourboires, l’organisation de vide-greniers, une aide de la mairie et la fête des moulins, l’association assure le fonctionnement des moulins et anime le village.

Sans le dévouement de l’association et de certains de ces membres, ce projet ne pourrait pas tenir. Rien que pour les visites, il faut au moins deux personnes : une pour l’accueil et une à deux pour les visites. Face au manque de personnel, Les Amis des Moulins de Régusse mobilisent les visiteurs notamment pour faire pivoter la chapelle, proposant ainsi une expérience inoubliable. Un manque de dynamique associative peut freiner ces projets patrimoniaux. Cependant, sur le territoire du PETR, le réseau associatif est abondant et proactif. Ces associations pourraient alors se mobiliser sur de tels projets patrimoniaux.  

Patrimoine et nouveaux usages

Le Presbytère de la commune de Vallabrègues, situé au centre du village, proche de l’Eglise Saint André, datant du XVIIème siècle, et des arènes : entre intérêt patrimonial et bâtiment d’intérêt communautaire.

L’objectif premier de la CCBTA est de rénover et de réhabiliter ce bâtiment d’intérêt communautaire et d’en faire un lieu de convivialité, de partage et de culture, qui contribue au renforcement de la vitalité du centre-bourg.

 Le projet vise à redonner vie à ce bâtiment emblématique du village, aujourd’hui non occupé. L’ambition affichée est multiple :

> préserver et de rénover un élément important du patrimoine local,

> créer un lieu de coopération et de lien social,

> soutenir l’artisanat et les savoir-faire locaux,

> renforcer l’attractivité touristique et culturelle du territoire.

 Le bâtiment, une fois réhabilité, accueillera plusieurs ateliers d’artisans (4 privatifs allant de 28 à 45 m²), un local dédié à la vannerie, une salle d’exposition-boutique, ainsi que des espaces partagés comme une salle commune et une tisanerie. Ces espaces permettront l’organisation d’événements, de stages, et d’ateliers ouverts à la population.

 Le projet s’inscrit également dans une démarche environnementale forte : les travaux visent un gain énergétique supérieur à 40 %, et le choix des matériaux se porte sur des solutions biosourcées. Le jardin sera préservé pour en faire un îlot de fraîcheur, et l’ensemble du site devrait obtenir une labellisation « Accueil Vélo », dans une logique de mobilité douce...

 La conception du projet s’est appuyée sur une démarche de co-construction impliquant la mairie, les artisans, et divers partenaires institutionnels et techniques, notamment dans les domaines du développement économique, du tourisme et de l’artisanat.

 Plusieurs dispositifs de financement ont été explorés. Certains ont pu être mobilisés avec succès, notamment le Fonds vert de l’État (110973 €), la CNR (67704 €), et le programme européen LEADER (90000 €). Le reste du financement, soit 314073 €, est assuré par l’autofinancement de la Communauté de communes de Beaucaire Terre d’Argence.

 

 

Cet atelier a permis de mettre en lumière un projet inspirant, qui a montré que la restauration d’un patrimoine (religieux ou autre) peut se faire dans une logique d’un nouvel usage. Il a démontré également qu’au-delà des dispositifs classiques dédiés à la restauration du patrimoine (DRAC, Région, Fondation du patrimoine, etc.), il est possible d’aller chercher d’autres sources de financement.

Patrimoine religieux : Que faire de nos églises et nos temples aujourd'hui

Le Presbytère de la commune de Vallabrègues, situé au centre du village, proche de l’Eglise Saint André, datant du XVIIème siècle, et des arènes : entre intérêt patrimonial et bâtiment d’intérêt communautaire.

L’objectif premier de la CCBTA est de rénover et de réhabiliter ce bâtiment d’intérêt communautaire et d’en faire un lieu de convivialité, de partage et de culture, qui contribue au renforcement de la vitalité du centre-bourg.

Le projet vise à redonner vie à ce bâtiment emblématique du village, aujourd’hui non occupé. L’ambition affichée est multiple :

> préserver et de rénover un élément important du patrimoine local,

> créer un lieu de coopération et de lien social,

> soutenir l’artisanat et les savoir-faire locaux,

> renforcer l’attractivité touristique et culturelle du territoire.

Le bâtiment, une fois réhabilité, accueillera plusieurs ateliers d’artisans (4 privatifs allant de 28 à 45 m²), un local dédié à la vannerie, une salle d’exposition-boutique, ainsi que des espaces partagés comme une salle commune et une tisanerie. Ces espaces permettront l’organisation d’événements, de stages, et d’ateliers ouverts à la population.

Le projet s’inscrit également dans une démarche environnementale forte : les travaux visent un gain énergétique supérieur à 40 %, et le choix des matériaux se porte sur des solutions biosourcées. Le jardin sera préservé pour en faire un îlot de fraîcheur, et l’ensemble du site devrait obtenir une labellisation « Accueil Vélo », dans une logique de mobilité douce...

La conception du projet s’est appuyée sur une démarche de co-construction impliquant la mairie, les artisans, et divers partenaires institutionnels et techniques, notamment dans les domaines du développement économique, du tourisme et de l’artisanat.

Plusieurs dispositifs de financement ont été explorés. Certains ont pu être mobilisés avec succès, notamment le Fonds vert de l’État (110973 €), la CNR (67704 €), et le programme européen LEADER (90000 €). Le reste du financement, soit 314073 €, est assuré par l’autofinancement de la Communauté de communes de Beaucaire Terre d’Argence.

 

Cet atelier a permis de mettre en lumière un projet inspirant, qui a montré que la restauration d’un patrimoine (religieux ou autre) peut se faire dans une logique d’un nouvel usage. Il a démontré également qu’au-delà des dispositifs classiques dédiés à la restauration du patrimoine (DRAC, Région, Fondation du patrimoine, etc.), il est possible d’aller chercher d’autres sources de financement.

Prieuré Saint Nicolas de Compagnac - Visite réalisé par le propriétaire

Arnaud LE BIHAN

La matinée se terminait par la visite de ce lieu, chargé d’histoire situé au cœur du triangle Nîmes – Uzès – Pont du Gard, le prieuré Saint-Nicolas de Campagnac. La commune de Sainte-Anastasie est composée de 4 hameaux : Russan, Aubarne, Vic et Campagnac. Cet ancien prieuré et les bâtisses qui l’entourent composent le hameau de Campagnac.

 

Grâce à la détermination d’Arnaud et Pauline LE BIHAN, ce site emblématique, que tout le monde ne pouvait qu’admirer en traversant le Pont, est désormais ouvert au public. Ils l’acquièrent en 2020 pour lui redonner vie avec une démarche éco-responsable et souhaitent en faire un lieu vivant, intemporel, à l’image du complexe qu’il était du XIIe siècle.

Le style architectural du prieuré a permis de le dater du début du XIIe siècle (1156). Le site a beaucoup évolué avec la construction du pont Saint-Nicolas de Campagnac, de 1245 à 1260. Les travaux du pont sont réalisés, à la demande de l'évêque, par les moines de l'Ordre des frères pontifes, qui logeaient au prieuré.

 

L’emplacement du pont est stratégique, parce qu’il relie deux villes importantes Nîmes à Uzès, séparées par le Gardon qu’il fallait alors traverser de manière souvent périlleuse, aux gués de Dions ou de Sainte-Anastasie. Lorsque le Gardon gonflait, il n’y avait plus d’autre moyen pour le traverser que de passer par le doyen de tous les ponts gardois : le Pont du Gard. Seulement, l’aqueduc romain n’est justement pas un pont, et à l’époque il faut donc se faufiler le long des arches : jouable à pied, impossible avec une charrette.

 

Bâti avec ses arches ogivales, en pierres de la carrière de Campagnac, une pierre réputée pour sa dureté, la physionomie du pont a été très modifiée au XIXe siècle sous le Second Empire (1862) avec le rehaussement général du tablier du pont médiéval d'origine et le creusement, rive gauche, de la route actuelle, dans le rocher du prieuré entrainant la disparation de plusieurs éléments.

L’église subira de plein fouet ce nouveau passage de la route avec la destruction de son parvis, le cimetière ancien est déplacé et surtout la parcelle est divisée en deux parties non communicantes entre elles, délaissant le pigeonnier de 250 niches (signe extérieur de richesse à l’époque) et une partie des jardins de l’autre côté de la route.

À la suite des inondations de 2002, le Gardon est passé à environ trois mètres au-dessus du tablier du pont, haut pourtant de 18 mètres !

 

La restauration de ce site magnifique n’est pas une chose facile. Avec ses 7 bâtiments dont 4 inscrits aux Monuments Historiques, au sein d’une zone Natura 2000, d’une réserve de biosphère Unesco, d’une grande partie située en zone inondable, les propriétaires avancent, seuls, dans les méandres des autorisations réglementaires, parfois contradictoires.

 

Aujourd’hui, Arnaud LE BIHAN et sa femme ont réinventé les lieux pour proposer des chambres d’hôtes, dont des suites avec une vue à couper le souffle surplombant le pont et le Gardon, une piscine naturelle, un restaurant éphémère du printemps à l’automne, un chai de dégustation avec du miel et de l’huile d’olive issue de leurs oliviers, la location des lieux pour des événements comme cette conférence des Maires et surtout proposent une programmation culturelle exceptionnelle (expositions, concerts…). 

 

Site du Prieuré Saint Nicolas